Accueil au labo des nouvelles recrues [Velika et Maya]

Velika venait d'entrer dans la chambre qui lui avait été désignée qu'on cogna à sa porte. Elle alla ouvrir celle-ci pour découvrir une personne qui lui tendait une enveloppe. Elle la prit et l'étranger repartit dans le couloir. Elle s'installa sur le sofa qui était dans sa chambre et entreprit de lire la lettre qu'on lui avait remise. Elle fut surprise de découvrir que c'était le scientifique Mr Mc Cruimein qui la lui avait envoyée. Elle sourit et décida qu'elle mettrait une de ses plus belles robes pour l'occasion, une dont les couleurs étaient dans les tons préférés de Velika. Elle choisit sa tenue pourpre et noire dont le haut était un décolleté profond tout en étant un corset. Avant d'enfiler ce joli vêtement, Vel alla prendre un bon bain, car elle en nécessitait un, dû au long voyage qu'elle avait fait sans s'arrêter. Elle se vêtit et elle se regarda dans la glace et fut satisfaite du résultat.

* C'est parfait pour une rencontre.*

-Je devrais sortir et me diriger vers le sous-sol, pour rejoindre la Salle X.

Elle se parlait souvent à elle-même pour se décider à faire quelque chose, que ce soit pour sortir ou pour s'habiller, cela dépendait de la situation. Elle quitta sa chambre et marcha dans le couloir jusqu'à atteindre les escaliers qu'elle descendit d'un pas léger.

-Bon par où aller? Il y a sûrement d'autres escaliers à descendre, mais pour cela je devrais les trouver, sinon je n'arriverais jamais à être à l'heure.

Elle réussit à les trouver et elle se dévala ceux-ci en prenant bien soin de soulever le bas de sa robe de soirée. Velika était nerveuse à l'idée de rencontrer le mystérieux scientifique qui l'avait invitée à un dîner de rencontre.

*Comme c'est merveilleux, je suis à peine arrivée que je suis déjà invitée à un repas en compagnie d'un homme, mais sûrement qu'il n'y aura pas que nous deux. Peut-être la femme que j'ai vu arriver peu après moi. Mais peu importe, cela nous permettra de faire plus ample connaissance. Il a pris une bonne initiative, ce Mr F. J'ai bien hâte de le voir pour la première fois. Me trouvera-t-il trop au niveau d'une prostituée, ce que j'étais avant, ou me considérera-t-il comme une bonne assistante?*

Vel s'approcha des deux personnes se trouvant devant elle et attendit que l'homme se retourne et les voit toutes les deux. La jeune vampire fut contente que ce qu'elle avait prévue pour le dîner n'était pas faux. Elle se doutait bien qu'ils n'allaient pas manger en tête-à-tête pour la première journée dans la vaste demeure. Une fois Mr. Mac Cruimein face aux deux femmes, Velika s'avança plus près et apparut dans la lumière près de l'inconnue.

-Bonsoir!

Elle semblait enjouée et cela était évident qu'elle l'était.

Fingal jouait ce soir son rôle de vicomte Mc Cruimein, aussi s'était-il vêtu en conséquence de façon raffinée, adoptant la perruque poudrée à la française, un habit noir brodé de cuivre et d'argent et des bas rouges. Il entendit toussoter, et en se retournant vit une charmante personne, dont il ignorait encore qu'elle était miss Maya de Holygrande. Elle était fort jolie, et distinguée, sans doute une jeune femme de la bonne société. Il se porta aussitôt à sa rencontre d'une démarche légère, un sourire aimable aux lèvres.

- Ravi de vous accueillir en ces lieux, miss ! Vicomte Fingal Mc Cruimein, scientifique au service de Son Excellence, dit-il en s'inclinant poliment et en lui faisant un baise-main. J'espère que je ne vous ai pas prise de cours pour cette rencontre informelle, ma chère. Mais voyez-vous, j'avais à coeur de vous souhaiter sans tarder la bienvenue, et de vous présenter notre futur lieu de travail.

Presque aussitôt, l'autre jeune femme arriva également, souhaitant le bonsoir. Tout aussi belle et fort élégante, moins froide peut-être. Il se présenta et lui fit également révérence et baise-main.

- Enchanté de faire votre connaissance et vous accueillir en notre laboratoire, miss...

D'un geste du bras, il invita les deux jeunes femmes à entrer et leur remit à chacune la rose noire prévue à leur intention en faisant une nouvelle révérence. Il avait gardé les habitudes de politesse et de galanterie françaises, qu'il jugeait plus raffinées que les moeurs anglaises fort austères.

- Un verre de vin de champagne pour célébrer notre première rencontre, chères amies ? , dit-il en prenant la bouteille et en remplissant les coupes. Venu tout spécialement de France et agrémenté par mes soins aux personnes de notre espèce, vous verrez ; une petite subtilité vampirique, dirais-je... Vous êtes fort en beauté, si je puis me permettre. Autant vous rassurer tout de suite, je suis un grand libertin, mais je ne mélange jamais plaisirs et travail ; aussi n'avez-vous pas à craindre de moi quelque attitude déplacée. Même si je suis ravi d'être amené à collaborer avec deux charmantes jeunes femmes, j'attends de nos relations qu'elles restent professionnelles tout en étant cordiales.

Il souhaitait que ces charmantes personnes se sentent à l'aise et ne craignent pas l'idée de se retrouver seules en compagnie d'un homme inconnu dans ces lieux sinistres.

- Sachez enfin, reprit-il, que je ne fais aucune différence entre des collègues féminins ou masculins. Seules les compétences et l'efficacité comptent. Une fois que nous nous connaîtrons un peu mieux, nous pourrons nous répartir les tâches en fonction de vos compétences et de vos aspirations. Mais je suis fort bavard, pardonnez-moi. Souhaitez-vous d'abord vous présenter en quelques mots, ou bien visiter d'abord notre espace de travail ?

[Froide, froide, dis tout de suite que mon perso est frigide… Fais gaffe hein, sinon je sors les crocs ]

Une gamine qui joue énormément sur son physique, joli il est vrai, et un homme trop sûre de lui. Mais dans quelle calvaire était-elle tombée? Prendre sur elle-même, elle se le devait. C’était le dernier endroit où elle pouvait exercer sa soif de connaissance et mettre en pratique tout ce qu’elle connaissait.

Bien entendu elle pourrait, sans aucune peine aller se cacher chez sa fille. Mais là n’était pas son désir. Elle voulait continuer à connaître tout ce qu’elle pouvait. Même si pour cela elle devait, sans doute, supporter des gens qui n’étaient, de prime abord pas en corrélation avec elle. Peut-être que l’avenir changera cet état de fait.

S’intéressant, que très peu aux discours du vicomte, elle regarda la salle d’un regard circulaire inspectant ce qu’elle pouvait. Elle retrouvait quelques éléments qu’elle connaissait déjà. Ne voyait pas certaines choses qu’elle possédait avant et y voyait quelques nouveautés. En bref, le lieu lui plaisait nettement plus que les personnes pour l’instant.

Ses yeux scintillèrent doucement devant la découverte de cette pièce, alors qu’elle prenait la rose qu’il lui était tendue. C’était donc une apparence trompeuse, mais elle ne se pressa pas de la corriger. Elle ne la corrigea pas, tout court. Au moins, elle ferait meilleure impression.

Elle le regarda remplir les verres et n’ajouta mot, laissant simplement un sourire aux coins de ses lèvres. Fortes en beautés? Oui, elles l’étaient, c’était un fait. Mais lui ne s’était point négligé non plus, pensa-t-elle en le regardant, l’analysant de la tête aux pieds.

Point d’attitudes déplacées. Allons bon. N’est-il pas un homme. Et les hommes n’ont-ils pas de la peine à résister à une jeune chaire, d’autant lorsque cette dernière s’offre au bon plaisir de l’homme. Elle n’allait pas le tenté, elle-même, mais ne doutait pas que la très jeune femme, qui était présente, s’en donnerait à cœur joie. Sans doute, vu le échancrure extravagante qu’elle arborait, elle n’allait pas se faire prier bien longtemps pour cela. N’était-elle point au courant que moins en on montrait, plus les hommes voulait en découvrir? Pour peu, elle la prendrait de passion et lui apprendrait, volontiers, à envoûter un homme pour qu’il soit à ses pieds.

*Mais, sans doute, ne cherche-t-elle rien d’autres que quelques heures de délices aux creux des bras d’un autre.*

Par contre s’ils désiraient s’adonner l’un à l’autre, cela ne la dérangeait pas, du moment que eux ne la dérangeraient pas dans son travail. Après tout, ils étaient, tous vivants et avaient des besoins comme tout un chacun. Des envies qui montaient lentement dans un corps abandonné du désir pendant trop longtemps, étaient dévastatrices et impossibles à retenir. Quant à elle, loin d’être incapable d’avoir ce plaisir lorsqu’un homme se trouvait en son sein, cela n’était, simplement, pas sa préoccupation première.

Elle écouta, encore le vicomte parler, son sourire s’agrandissant, doucement, malgré elle. Mais son discours valait-il ses actes. Ne faisait-il, réellement, aucune distinctions entre hommes et femmes? Elle n’en était point sur et s’attacherait à vérifier qu’il ne mentait pas.

Lors de sa question elle se tourna vers la jeune demoiselle qui semblait, contente d’être heureuse simplement. D’une voix douce que les deux autres n’entendaient pour la première fois qu’à l’instant elle dit, simplement.

« Je laisse le choix à la plus jeune d’entre-nous. La fraîcheur sera, pour ce choix du moins, la voix de la sagesse. »

Velika était bien curieuse de connaître cet homme si charmant. Quant à cette femme, elle sentait une certaine sagesse imprégnant chaque parcelle de son corps. Le sourire du vicomte la faisait frimousser de bonheur, car elle n'avait pas vu un aussi beau sourire depuis le jour où elle avait été transformée. Elle se sentait intimidée par le charisme que dégageait Fingal et par son air sûr de lui. Le femme ne laissait pas Velika indifférente et celle-ci se languissait d'en savoir plus à son propos. Voilà ce qu'elle avait compris alors qu'elle était prostituée, il ne fallait pas se laisser aller à sa passion en un seul instant mais en plusieurs petits moments qui font qu'à chaque fois l'action est meilleure.

À la suite du mouvement de bras de Fingal, Vel entra dans la pièce avec un air étonné, tout était placé en un endroit stratégique, elle remarquait bien que les corvées avaient été exécutées dans les heures précédant le dîner. Elle prit la rose noire qui lui était destinée et elle fut agréablement surprise de découvrir un médaillon dans la douce fleur qu'elle adorait tant. Un X, elle se doutait bien que c'était pour représenter leur lieu de travail, si elle ne se trompait pas.

-Comme c'est attentionné de votre part. Que nous vaux cette offrande, car je n'en doute pas, il devrait avoir un médaillon dans votre rose aussi ma chère dame. Mais pourquoi nous offrir ce bijou?

Elle tendit le bras vers la coupe de champagne que lui donna le vicomte et en siffla une simple petite gorgée pour goûter à ce précieux liquide qui lui était présenté. Elle eut un magnifique sourire quand le vicomte eut dit qu'elles étaient fort en beauté.

-Vous trouvez donc que nous belles et à la suite vous dites que vous êtes un grand libertin, et moi je vous assures que je suis plus libertine que vous et cela est relié à mon passé. Vous espèrez également que nous soyons à l'aise en votre compagnie mais cela est tout à fait normal, car en tant que femme je sais ce que vois pouvez ressentir c'est le don que j'ai reçu.

Elle sourit aux dires qu'il ne faisait aucune différence entre un homme et une femme, elle en doutait énormément, Velika n'était pas dupe et savait qu'elle l'apprendrais tôt ou tard. Vel fut charmée par la douce voix de la charmante inconnue.

-Enfin je crois qu'il serait mieux de nous présenter plus amplement avant de visiter les lieux. Alors je me présente, je suis Velika Sildara, je suis âgée de 17 ans et je suis une ancienne prostituée bisexuelle qui a décidé de changer de voie du tout au tout pour devenir assistante scientifique. Je sais également déchiffrer les émotions des gens qui m'entourent.

Elle eut cet air d'une enfant innocente qui regardait ses parents avec ce sourire qui avait le don de les affaiblir après qu'ils aient refusé de lui donner ce qu'elle voulait.

-Alors qui est le prochain ou la prochaine à se présenter?

[ HRP : Oh oui, les crocs, chère Maya ! Mordez tout à votre aise ! ]

Absolument charmantes, et très différentes l'une de l'autre, ce qui était parfait : ainsi chacun serait complémentaire dans ce nouveau trio. Il fut amusé aussi bien par le désintérêt à peine dissimulé de miss Maya pour ce qu'il disait, que par l'enthousiasme juvénile et la spontanéité de miss Velika.

- Ce médaillon ? Disons que c'est une façon de vous souhaiter la bienvenue et de marquer votre arrivée dans ce laboratoire de la Salle X. Je suis si heureux d'être en compagnie de deux délicieuses jeune femmes, et non de vieux savants comme je le craignais, connaissant le goût du Maître pour les plaisanteries cruelles...

Il sourit aux paroles de miss Velika concernant le libertinage, et ne voulut pas l'effrayer en lui révélant tout de suite ce dont il était capable en matière de plaisirs. Ce n'était de toute façon pas le moment approprié. Miss Maya, quant à elle, demeurait silencieuse et semblait tout inspecter autour d'elle et peu convaincue par certains de ses propos. Cette distance qu'elle maintenait ne faisait qu'attiser sa volonté d'attirer son attention. A leurs premières réactions, il commençait déjà à entrevoir la façon d'exploiter au profit des recherches la personnalité de chacune. Lorsqu'enfin miss Maya se décida à parler, il fut charmé par le timbre de sa voix, et jugea fort habile que de répondre à sa question par une pirouette en laissant l'autre jeune femme décider.

- Allons y pour la fraîcheur, ma chère, puisque tel est votre choix. Nous vous écoutons, jeune demoiselle.

Toujours aussi enthousiaste, miss Velika ne s'était pas faite prier pour choisir. Elle se présenta sans chercher à dissimuler son inexpérience, ce qui était plutôt positif.

- Fort bien, miss Velika, répondit-il en souriant. Voilà qui est franc et direct, j'apprécie la franchise. Changement qui peut paraître radical, en effet, mais je ne doute pas que vous en ayez les capacités. Ainsi vous avez une certaine expérience de la gente masculine malgré votre jeune âge. Et ce don que vous évoquez est fort intéressant. Tout cela pourra être utile pour nos activités, car je crois que nous devrons dans l'immédiat nous procurer nous-mêmes les premiers spécimens vivants pour nos expériences... Les hôtes du Comte ne sont guère empressés, en ce moment, d'en capturer pour nous. Et comme vous le verrez tout à l'heure, nous ne disposons actuellement que de deux cadavres humains.

Il but une gorgée de vin, tout en les observant, puis reprit.

- Merci, demoiselle. Les règles de la galanterie et de la bienséance veulent que ce soit à votre tour, je crois, miss Maya. A la façon dont vous avez détaillé le contenu de cette pièce, il me semble ne pas me tromper en songeant que vous avez plus d'expérience ?

[Pauvre fou, vous le regretterez. Le dernier que j'ai mordu souffre toujours aujourd'hui.]

Maya ne put empêcher un rictus de se dessiner sur ses lèvres lors de l’explication de Fingal sur la présence du médaillon au sein de la fleur. Elle ne l’avait pas réellement aperçu bien qu’elle s’en était doutée vu le poids de ladite rose. Elle prit le médaillon dans sa main gauche, et, à l’aide de la droite elle vint, simplement, orner ses cheveux avec la rose. Ainsi, ça serait un objet de moins au sein de ses mains.

Elle écoutait, tout de même les discours des deux protagonistes présents mais n’ajoutait rien. Inutile de parler pour ne rien dire, c’est un fait. Et elle l’appliquait à la lettre. Du moins, lorsqu’elle était en compagnie de gens inconnu. Car oui, parler rend les gens vulnérable. Ainsi on en apprend sur eux et de la même manière on peut retourner leurs propres phrases contre eux.

Se préserver, toujours. Surtout en compagnie d’un homme qui se pense gentleman mais qui est, de par ce fait, tellement prévisible. Offrir des fleurs et des bijoux à une femme. N’est-ce pas là, la tentative depuis déjà des siècles, de la part de l’homme d’attirer une femme bien plus loin que dans des conversation de bienséance.

Certes, elle aurait pu refuser ce cadeau et le lui rendre. Mais, lorsqu’on est femme il faut savoir que tout cadeau est bon à prendre. Ainsi, l’homme pense pouvoir, éventuellement, avoir touché une parcelle de vous et, de cette façon, vous pouvez en faire ce que bon vous semble. De plus, il ne fallait pas créer de coup d’éclat dès la première rencontre. Non, pas encore en tous cas. Peut-être plus tard.

Elle observa Velika du coin de l’œil. Cette dernière s’était laissée avoir par quelques politesses de la part de leur collègue masculin. Elle sourit, tendrement. Cette enfant pourrait être sa fille. Il faudra, absolument, qu’un jour elle lui explique comment se comporter avec les hommes pour les rendre fous de vous. Car s’offrir comme elle a pu le faire, est à la portée de n’importe qu’elle femme. Mais se faire désirer, c’est là le secret pour retenir un homme en son sein.

Hormis tout ceci, elle n’était pas venue ici pour se faire charmer de badineries ou alors pour compter sa vie. Mais comme il fallait se présenter, elle s’y attellerait, par simple politesse. Effleurant le breuvage du bout des lèvres, elle plongea, doucement, ses yeux dans ceux de Fingal lorsqu’il s’adressa à elle. Dans la seconde d’après, elle avait retiré son verre de sa bouche et léchait, doucement, ses lèvres pour en récolter les quelques gouttes qui s’y étaient égarées. Il n’y avait pas de vulgarité dans ce geste, pour peu on pourrait même penser à un simple réflexe. Enfin, elle détourna son regard de celui de Fingal et entreprit de répondre.

« Moi? Je ne suis qu’une femme aimant la science depuis ma plus tendre enfance. Mon père exerçait le dure labeur de médecin et j’ai appris mes premières dissections avec lui. Ensuite en grandissant j’avais soif de connaissance et je me suis abreuvée. Enfin j’ai réalisé quelques découvertes pour des gens hauts placés, des expérience et ce que l’on me demandait. Une seule fois je n’ai pas mené à bien mon contrat. Mais je ne le regrette pas. Et dites-nous, vous qui vous êtes? »

A nouveau, rester mystérieuse. Parler du sujet, mais pas vraiment de soi. Ni d’âge, ni de nom, ni sa fille, ni son mari, ni son amant. Rien. A quoi bon, de toute façons? N’étaient-ils pas là juste pour travailler? Si le travail consistait à ne faire que parler, elle préférait, encore plus, se retrouver enfermée dans une pièce réduite chez sa fille.

Elle en était là de ses réflexion lorsqu’un homme entra, après y avoir été invité, avec un corps sur l’épaule. Son regard scintilla. Enfin, quelque chose de concret, de réel. Parce que les discours c’est intéressant, mais ça devient, rapidement, lassant. Voilà, enfin, quelque chose d’intéressant qui se produisait depuis le début de cette rencontre. Non pas que les personnes présentes ne l’intéressaient pas, simplement, qu’elle n’était point venue ici pour échanger durant des heures.

[ HJ : Une morsure de vous, ce ne peut être qu'une délicieuse souffrance, très chère...
Plus sérieusement, je suis intervenu avant mon tour, désolé, mais c'était pour la logique du récit avec l'arrivée de la livraison ; c'est bien entendu maintenant à miss Velika ]

Cette miss Maya se révélait de plus en plus captivante. Une farouche jeune femme, hautaine comme une aristocrate, dédaigneuse comme une bourgeoise, distante comme une ... * Grand Diable ! , songea Fingal, pourvu que ce ne soit pas une tribade, ce serait fort dommage !* D'ordinaire, il se serait déjà fâché de constater qu'on ne prêtait qu'une oreille distraite à ses propos. Mais avec l'habitude de fréquenter les gens du monde, il savait quand il fallait feindre de n'avoir pas remarqué et quand il fallait sévir ; la petite demoiselle, si elle poursuivait dans cette voie, pourrait fort bien un jour faire les frais d'un accès de colère... Mais pour l'heure il s'agissait de demeurer courtois et d'observer. Et si elle ne faisait pas l'affaire, il pourrait toujours la faire renvoyer, ou la décourager en ne lui confiant que des tâches subalternes.

Il nota le mouvement de langue sur ses lèvres tandis qu'elle en éloignait la coupe. *Provocatrice de salon... Subtilité et l'air de n'y pas toucher... Bien, bien, pensa-t-il.* Il écouta sa présentation, somme toute laconique et beaucoup moins enjouée et franche que celle de miss Velika. Il parviendrait bien à lui faire dire tôt ou tard ce qu'elle voulait taire. En tout cas, elle avait des choses à cacher. Il le noterait dans son rapport au Maître. Il la regardait avec son sourire en coin, de façon aimable mais assez appuyée pour lui faire comprendre qu'ici il avait tout pouvoir en dehors des ordres express reçus du Maître lui-même.

- Fille de médecin, passionnée de science, commenta-t-il lorsqu'elle eut fini. Voilà qui est fort intéressant. Il me tarde de vous voir à l'oeuvre, miss. Il faudra que vous me parliez à l'occasion de ces gens pour lesquels vous avez travaillé, il se peut que j'en connaisse certains. Pour votre contrat manqué, ce sont des choses qui arrivent... Cependant, je vous déconseille de manquer une mission confiée par Son Excellence le Comte : il nous laisse toute latitude pour agir, mais il exige des résultats, et il est sans indulgence en cas d'échec. Sans vouloir vous effrayer, bien entendu, mesdemoiselles.

Il but une gorgée en les considérant toutes deux. Il fallait tout de même songer à leur mettre un peu de pression, le Comte l'avait suggéré du reste... Excellent trio en tout cas qui promettait des moments passionnants !

- Quant à moi... , commençait-il lorsqu'on frappa à la porte. Qui cela peut-il bien être ! J'avais pourtant ordonné que nous ne soyons dérangés sous aucun prétexte ! Entrez !

Son ton avait changé et il se montrait très agacé. Un homme de main entra, apportant un corps humain inanimé. Il le lui fit déposer sur la table d'examen et tâta le pouls : l'homme vivait encore, ils allaient pouvoir disposer d'autre chose que de cadavres. Il fit signe au serviteur de se retirer sans lui prêter plus d'attention que s'il avait été une ombre.

- Mesdemoiselles, reprit-il lorsque l'importun fut sorti, que diriez-vous en apéritif de commencer à examiner ce spécimen ? Ce n'est qu'un humain, mais au moins il est vivant ; c'est déjà mieux que des cadavres de nonne ou de catin ! Aidez-moi, je vous prie, à le dévêtir et à l'attacher sur la table. Et attention, miss Maya, tempérez votre ardeur du scalpel : pour l'heure nous examinons seulement, ajouta-t-il en riant. La dissection viendra plus tard, peut-être en digestif...

Mais le prisonnier se mit à geindre, il fallait faire vite désormais pour l'entraver car il était en train de reprendre connaissance. Fingal fit signe aux deux jeunes femmes de l'aider tandis qu'il commençait à lui découper ses vêtements et à l'attacher.

- Où... où suis-je ? , murmura l'humain, les yeux toujours clos. J'ai soif...

- Tu es entre de bonnes mains, mon garçon, ricana Fingal, ne t'inquiète pas ! Tu as vraiment soif ? Voilà qui va plaire à ces demoiselles. Miss Velika, veuillez lui tirer un peu de son sang, s'il vous plaît. Et surtout pas avec vos canines, il ne faut pas encore l'abimer... * Il est plutôt beau garçon, je me divertirais bien un peu avec lui avant de trop l'abimer, quand ces dames seront parties, songeait-il avec une lueur cruelle et lubrique dans le regard.* Les lancettes se trouvent là-bas à droite, dans le deuxième tiroir en partant du haut.

[HJ: Désolée pour le retard, j'ai commencé à travailler donc moins de temps pour moi...]

Velika remarqua que Miss Maya de Holygrande captivait le scientifique Mc Cruimein. Vel n’appréciait pas la distance qu’imposait Maya dans ses propos, de plus son air qui signifiait qu’elle écoutait à peine la rendait furieuse, mais elle se gardait bien de le cacher aux deux autres. Elle détestait ceux qui se prenait pour les meilleurs qui soient, elle savait également que ces personnes avaient souvent plusieurs secrets qu’ils ne voulaient pas révéler. Elle sentait que Fingal était plus attiré par Maya que par elle-même, elle devrait apprendre à séduire sans être pressée, peut-être pourrait-elle demander à cette chère Maya, qui semblait être une experte en la matière. Vel se sentait mise de côté et elle n’appréciait guère cela, cela lui donnait l’impression d’être indésirable. Elle regardait Fingal comme s’il était pour elle un exemple à suivre, elle n’avait pas rencontré de personnes comme lui dans son enfance et elle trouvait cela agréable. Elle vit du coin de l’œil que Maya plantait la rose en travers de ses cheveux comme une parure élégante, Velika quant à elle préféra attacher le médaillon autour de son cou, elle n’allait pas refuser un présent alors qu’elle venait tout juste d’arriver dans la vaste demeure. Mais elle ne se laisserait pas impressionner par ce cadeau typique d’un homme. Il était évident que la jeune vampire devrait faire ses preuves pour être considérer comme une bonne scientifique et cela elle ne l’ignorait pas. Peu lui importait si l’on lui confiait de simples petites tâches tant qu’elle pourrait aider elle en serait heureuse, c’était dans sa nature de vouloir aider les gens s’ils étaient gentils avec elle par la suite. Elle ne fut pas surprise d’apprendre que Maya était fille de médecin, celle-ci étant hautaine comme une noble donc avec des parents qui étaient bien nantis.

-Comme moi je débute, je ferais mon possible pour vous être utile à tous les deux, pas comme scientifique à part entière dès maintenant, mais qui acquerra son expérience avec la pratique. Je fonctionne comme cela je dois expérimenter pour comprendre et pour apprendre plus rapidement également, donc ne vous découragez pas dans les premières semaines…Je serais efficace, vous verrez!!!

Fingal allait se présenter quand un homme frappa à la porte pour venir porter un humain inconscient dans la pièce. Velika fut surprise de voir le ton de voix de ce dernier changer pour sermonner le vampire qui entrait dans la pièce, mais ce qui la surprit encore plus c’était que l’humain était encore vivant. La vue de cet être fragile sur la table lui fit venir un sourire aux lèvres, enfin du divertissement dans cette séance de discussion plutôt terne qui venait d’avoir lieu.

*Enfin un évènement pour le moins intéressant depuis mon arrivée dans ce lieu.*

-Moi je n’y vois aucun inconvénient, voyons ce qu’en pense Miss Maya. Qu’en dites-vous? (dit-elle en s’adressant à Maya.)

Les gémissements du prisonnier alertèrent les sens de Velika et elle regarda sur la table pour voir s’il y avait un objet quelconque pour attacher celui-ci. La voix de l'étranger la fit sourire que ce passerait-il pour ce gentilhomme. Elle entendit les ordres de Fingal et se pressa à obéir à ceux-ci avant qu’il n’ait eut le temps de les répéter une autre fois. Elle croisa le regard de Fingal quand elle eut ressenti ce qu’il avait envie envers le jeune homme. Elle y vit cette lueur cruelle et ces yeux trahissaient un profond désir d’assouvir ses bas instincts. Elle trouva les lancettes dans le meuble que lui avait indiqué Fingal et revint vers la table d’examen.

-Bien, monsieur! Comment dois-je procéder pour tirer un peu de sang à cet humain de la manière que vous préférez. Vous n'avez qu'à me le dire et je comprendrais immédiatement donc cela sauvera du temps.

Elle regarda Fingal en attendant qu'il lui explique la façon de faire.

Lui parler des gens qu’elle connaissait, puis quoi encore ? Pour qui se prenait-il ? Il pensait franchement ? De plus il pouvait bien la menacer de ce fameux Dracula, elle ne le craignait pas. L’effrayer ? Il pouvait se lever de bonne heure pour parvenir à ce résultat. Ce n’était pas de la prétention, seulement la réalité. A vrai dire en l’état actuel des choses elle ne craignait que deux cas de figure : le décès de sa fille et celui de son amant bien que pour ce dernier elle ne l’ait pas revu depuis qu’il est partit de la résidence de son mari.

Donc la peur d’un homme ou plutôt d’une créature du « doux » nom de Dracula n’était, du moins pas pour le moment d’actualité. Peut-être que dans le futur elle le craindrait mais pas maintenant en tous cas. Puis, pour l’heure, il n’était pas question de ça. Il était, plutôt question du jeune homme, toujours vivant, qui venait d’entrer. Ce Maître des ténèbres attendrait encore un moment avant d’occuper ses pensées et sa curiosité plus que légendaire.

Elle secoua la tête en signe de désapprobation suite à la remarque de Mister Fingal, à propos de son ardeur du scalpel. Heureusement qu’elle s’était jurée de ne pas faire trop de battages pour une première rencontre sinon le scalpel lui aurait été utile en effet… Sauf qu’il n’aurait pas été usité sur le jeune homme, maintenant attaché t à leur mercie , mais bien pour ce « jeune » homme qui se tenait debout en face d’elle. A vrai dire elle n'avait pas encore d’idées de ce qu’elle lui ferait subir pour cette boutade d’un goût plus que déplaisant.

« Ce que j’en dit ? Que, ma fois c’est une excellente idée. » , fit-elle d’un ton légèrement plus enjoué que précédemment.

Au moins, ainsi ils ne passeraient pas des heures à débilatérer des banalités incessantes. Au moins, ainsi, ils pouraient, enfin un peu agir. Elle s’afféra à aider à dévêtir et attacher le jeune homme, plutôt charmant, il faut l’avouer, tout comme ses deux collègues.

Elle regarda la jeune demoiselle questionner au sujet de quelle méthode employer pour extraire du sang et ne fit pas de remarques, laissant la réponse à la question à celui qui se donnait des airs supérieurs au sein de ce labo. Elle resta, simplement là à attendre d’avoir une requête de ce même Sieur. Elle préférait, pour une fois, faire plus ou moins tête basse, pour le moment afin de mieux lui démontrer, par la suite, son caractère qui lui est tant personnel.

Néanmoins, elle observait avec minutie chacun des mouvements, des réactions, des commentaires que les deux autres faisaient. Surtout elle se demandait comment la demoiselle allait bien pouvoir s’en sortir avec la première requête qu’on lui avait assignée. Elle serait, surement à la hauteur, simplement parce que ca se devinait que, du moins pour le moment, elle désirait être à la hauteur des exigences qui pourraient lui être faites.

[HJ : pas de problème, chère Velika, bon courage ]

Le captif étant attaché, et les demoiselles ayant répondu qu'elles consentaient à en faire un apéritif fort distrayant, tout se présentait pour le mieux. Fingal, le sourire aux lèvres et les sens aiguisés, se sentait d'excellente humeur. Il prit cependant le temps de transmettre un ordre à un domestique afin d'annuler ce qu'il avait prévu avec lord Bulkeley : à son grand soulagement, en fin de compte, Adrian demeurerait son jouet à lui seul.

- Que lord Bulkeley soit transféré dans ma cache, murmura-t-il au serviteur, et qu'on lui administre une nouvelle dose de breuvage turc... Et n'oubliez pas de masquer son odeur par le " parfum " que je vous ai remis, je ne tiens pas à ce que l'on me prive de cette proie de choix...

Comme si de rien n'était, il revint vers ses compagnes, auxquelles on proposa quelques mises en bouche avant de se lancer dans le divertissement de l'expérience.

- Nous apprenons tous chaque jour, miss Velika, n'ayez aucune inquiétude à ce sujet. Je ne doute point que vous ferez une excellente scientifique, ma chère.

Fingal appréciait l'innocence apparente qui laissait deviner qu'en réalité il n'en était rien. A user de stratagèmes pour tirer profit de toute rencontre, on finissait par développer une faculté de cerner assez rapidement les personnes auxquelles on était confronté. Sans aucun doute, miss Velika se révèlerait une recrue fort utile et efficace ; d'ailleurs il songeait déjà à quelque mission qu'ils pourraient mettre ensemble sur pied...

Quant à miss Maya, elle conservait cette attitude distante et quelque peu méprisante qui faisait d'elle un sujet fort intéressant de tourments à venir... Pour elle aussi des projets commençaient à se dessiner dans son esprit, il la mettrait à l'épreuve afin de briser la carapace...

De plus, l'idée que ces dames pourraient prendre en main la Salle X, lui laissant ainsi plus de temps pour ses mondanités et son propre profit, ajoutait au plaisir de la charmante compagnie celui de disposer de plus de liberté. Le Maître se montrait, comme toujours, volontiers autoritaire et Fingal n'appréciait rien tant en pareille circonstance que de lui échapper comme une anguille.

- Miss Velika, répondit-il en voyant que la jeune fille hésitait, le plus difficile dans notre métier est de résister à la tentation. Cependant, on peut tirer une jouissance incomparable tout en menant à bien sa tache. Je vous conseille d'inciser pour l'heure l'un de ses doigts avec votre lancette. Le sang y vient en abondance sans risque de voir le sujet mourir. Comme vous le savez, il est des sources plus délicieuses, mais elles peuvent mettre sa vie en danger et obligent à agir vite... Tirer le sang par les doigts permet de prendre son temps. Je vous en prie, allez-y, pratiquez une incision franche... Recueillez le sang, eh bien dans l'une de nos coupes, miss Maya va vous en apporter une bien volontiers, n'est-ce pas ?

Il lança à Maya un regard mêlant amusement et défi ; lui qui avait horreur qu'on lui donne des ordres futiles savait pertinemment qu'elle y verrait une provocation. Il entendait lui faire comprendre qu'il n'était pas dupe de son calme apparent. Si l'aristocratie se montrait jalouse des préséances dues au rang, la bourgeoisie des médecins et magistrats plaçait elle aussi un certain orgueil avec lequel il aimait à jouer ; les nobles étaient prompts à s'indigner, l'orgueil bourgeois s'exprimait de façon plus subtile... Il fallait y revenir à plusieurs fois pour obtenir le résultat escompté.

Il observa la façon dont miss Velika allait s'y prendre. Elle se montrait enthousiaste et volontaire, elle s'en sortirait fort bien. Il porta l'un des amuse-bouche à ses lèvres - un petit pâté en croûte arrosé d'une sauce à base de sang de jeune enfant.

Velika écoutait avec attention les remarques et conseils de sir Mc Cruimein, et n'osait regarder miss Maya suite à la remarque que le scientifique venait de faire ; nul doute que la scientifique n'apprécierait guère de devoir transmettre une coupe pour recueillir le sang de l'humain.

La jeune assistante attendait, la lancette en main, se demandant ce qui allait se passer à présent...

L'humain, pour sa part, semblait sortir de sa torpeur ; il cherchait à se défaire de ses liens, ce qui était proprement inutile puisqu'il était solidement attaché.

- Monstres ! , s'écria-t-il avec une voix encore peu assurée. Qu'allez-vous me faire ? Rien ne saurait être pire que ce qui a été fait à ma douce Clara !!! Je ne vous crains pas : je vous hais ! Vous n'avez que l'apparence d'humains, mais vous n'êtes que des cadavres rongés de l'intérieur par le mal qui vous habite... Ne me touchez pas, maudites femelles !!!

Entre la jeune fille hésitante et celle au caractère bien trempé, Fingal voyait la Salle X, d'ordinaire si calme, prendre soudain un relief tout à fait au goût des jeux pervers auxquels il aimait jouer. Miss Velika se montrait très peu assurée, mais il ne voulait pas la décourager, car elle semblait de bonne volonté ; il lui parlerait plus tard, en privé, afin de la pousser à prendre de l'assurance. Quant à miss Maya, il était évident qu'elle avait été blessée dans son orgueil de se voir réduite à passer une coupe. Contrairement à ce qu'on aurait pu attendre, il rit aux éclats quand la jeune scientifique fit sa comédie de maladresse.

- Quel caractère, ma chère ! , s'écria-t-il lorsque sa crise de rire fut un peu passée. Et quel savoureux jeu de reins, sans vous offenser ! Voilà qui est plutôt pour me plaire, mais veillez à ne point trop en faire dans ce domaine malgré tout... Qui a prétendu que je souhaitais me montrer gentleman, miss ? Ici, je l'ai dit, nous sommes égaux, enfin dans une certaine mesure bien évidemment, ce qui rend caducs les usages de la galanterie. Et ayez conscience que chacun d'entre nous aura tôt ou tard à s'acquitter de tâches ingrates... Eussiez-vous étudié à la Faculté que vous n'y auriez pas échappé, très chère...

Il rit à nouveau lorsqu'elle opta pour une fiole et en expliqua la raison. Il l'avait réellement piquée au vif, et il adorait cela. Elle se montrait rétive comme une jeune pouliche qu'il faut dompter : rien de tel pour susciter plus encore l'intérêt du vicomte Mc Cruimein.

- Bien, vous connaissez la théorie sur le bout des doigts, du moins celle que l'on pratique à l'extérieur... Je crains que vous n'ayez saisi un certain détail : vous êtes fort têtue, ma belle, mais aussi fort distraite à ce qu'il apparaît ! Mon propos était non pas de tirer du sang de ce prisonnier pour nous lancer illico dans quelque test que ce soit : le captif s'était plaint qu'il avait soif, il s'agissait de l'abreuver de son propre sang, voilà tout... et pourquoi pas de le goûter au passage. Mon propos "logique", miss, était de tester plutôt votre capacité à toutes deux à résister à l'appel du sang...

Elle bouillonnait intérieurement, il en était certain, et les paroles qu'il venait de prononcer ne feraient qu'accroître ce phénomène. Il arborait son sourire le plus provocateur et le plus hautain, avec cette lueur de lubricité qui avait le don d'agacer les femmes de caractère aussi bien que de charmer celles qui se laissaient plus volontiers porter à la légèreté, car il ne fallait pas négliger la toute autre fascination que pourrait exercer miss Velika... Il laissa cette dernière prendre la fiole et l'observa pratiquer l'entaille au doigt du patient qui venait de se réveiller un peu plus et de proférer des paroles désagréables.

- Il suffit ! , lança Fingal en lui administrant une gifle magistrale, avant de laisser ses doigts se promener sur son torse dénudé et finalement ses ongles l'écorcher avec lenteur. Un peu de respect pour mes collaboratrices, pauvre petit humain ! Une telle arrogance ne te servira qu'à endurer des tourments plus terribles encore que ce que tu peux imaginer... Mesdemoiselles, laissons là cet énergumène pour le moment, il risque de gâcher notre soirée. Restaurons-nous plutôt un peu tout en mettant au point les conditions de notre future coopération.

Il leur indiqua le buffet d'un geste de la main, il leur faudrait manger debout puisque la "maladresse" de miss Maya avait mis la table sens dessus dessous... Il montra l'exemple en commençant à picorer avec ses doigts parmi les plats dressés comme pour un cocktail mondain.

- Entendons-nous bien, mesdemoiselles : le Maître m'a confié la tâche de faire de cette Salle un centre expérimental opérationnel au plus vite, et exige de prompts résultats. J'en répondrais personnellement, c'est pourquoi j'entends que vous suiviez un certain nombre de directives, même si, comme je vous l'ai dit précédemment, j'envisage plutôt nos activités comme complémentaires. Dans l'immédiat tout au moins, vous me serez subordonnées et me rendrez compte de vos activités ; c'est un sujet qui ne souffrira aucune discussion... Nous verrons par la suite les évolutions possibles ! Miss Velika, vous aurez dans l'immédiat deux missions : me suivre et me seconder sur le terrain pour sélectionner les proies et observer leurs comportements ; vous seconderez également miss Maya dans ses recherches de labotatoire, afin de vous former aux méthodes scientifiques dans lesquelles il semblerait qu'elle ait quelque avance sur vous.

Il dit cela en jetant un regard de défi à la fille de médecin, puis en adressant un sourire bienveillant à la jeune apprentie. Diviser pour mieux régner, en présence de deux femmes cette règle élémentaire prenait toute sa signification...

- Quant à vous, miss Maya, je vous donne l'occasion de prouver ce fort tempérament que vous affichez si fièrement : vous serez responsable du laboratoire. Il s'agira d'en dresser l'inventaire complet et de le rationaliser, ainsi que de mener quelques recherches préalables qui ne devraient pas vous poser de gros problèmes, si j'en crois votre assurance... Pour ma part, je vais être amené à m'absenter assez souvent ; je compte donc sur vous deux pour mettre les choses en route dès demain. Pour l'heure, seulement de petites expériences anodines sur le sujet qui gît attaché sur la table d'examen, j'en fais une affaire personnelle... Tout ce que vous ferez doit être scrupuleusement noté, en détail, dans le registre que je vous montrerai tout à l'heure... Des questions ?

Il jubilait intérieurement, conscient que ce programme ne manquerait pas de déplaire à la jeune bourgeoise et de contrarier ses velléités d'indépendance. Il avait déjà en tête ce qu'il noterait dans son rapport au Maître au sujet de cette première entrevue ; le jeu serait très amusant...

[HJ : Coucou!!! Je suis là et je vais répondre. ]

Malgré son manque d'assurance apparent, Velika prit sur elle qu'elle devrait faire un effort pour être plus sûre, plus indépendante des gens qui la côtoyaient. La jeune femme se retint de rire en voyant Miss Maya faire une comédie de l'ordre qui lui avait été donné par le vicomte Mc Cruimein. Elle était certaine qu'elle l'avait fait exprès, seulement pour contrarier Fingal. Elle fut aussi surprise de le voir rire aux éclats alors qu'il n'avait fait preuve d'aucune émotion telle que celle-ci. Encore plus contrariée par le comportement de Miss de Holygrande, Velika feignit un sourire en regardant Maya, en prenant bien soin de lui faire sentir qu'elle ne l'appréciait guère et qu'elle devrait gagner son estime d'une autre manière que par la façon hautaine dont elle s'adressait à eux. Un simple regard pouvait tout dire, mais pour Velika cela indiquait une seule et unique information et celle-ci était précise. Elle ignorait ce que comprendrait Miss Maya dans cet avertissement qu'elle essayait de lui transmettre.

*On ne se joue pas de moi et ce n'est pas vous qui allez commencer...*

Voilà ce qu'elle pensait tout en gardant un œil sur la femme issue de la bourgeoisie et se prenant pour le nombril du monde par ses manières distinguées qui avaient déjà le don d'exaspérer la jeune Velika. Quand Fingal commença à parler, Velika le regarda afin de mieux comprendre ses propos et ne point rater de passer pour une idiote s'il lui posait des questions sur ce qu'il pourrait avoir dit au courant de la soirée. Elle remarqua bien assez tôt que ces paroles étaient en fait destinées à la charmante dame de Holygrande. Elle eut un petit sourire qui marquait très bien qu'elle était quelque peu satisfaite de voir que même ceux qui se prenaient pour les meilleurs pouvaient être réprimandés d'une façon ou d'une autre.

- Ne voyez-vous donc pas que vous ne pourrez vous imposer dans ce lieu où Monsieur Mc Cruimein était bien avant nous pour effectuer les recherches de maître Dracula. Il ne sert à rien de craindre un nom, mais plutôt la personne à qui il appartient après en avoir fait la connaissance. Alors il serait sage que vous preniez conscience de ce que vous dit notre cher ami ci-présent. Je sais que j'ai l'air un peu naïve, mais je m'en excuse ce n'est pas volontaire ; c'est ce dont j'ai l'air et je peux paraître plus cultivée de temps à autres. Cela dépendra de mon état d'âme...Un jour, je suis heureuse et l'autre je suis nostalgique ; alors je peux parfois être difficile à comprendre mais vous y prendrez de la facilité avec le temps qui va passer.

Elle se renferma sur elle après avoir dit ces paroles qui pourraient selon elle se faire questionner ces deux charmantes personnes qui lui tenaient compagnie dans la Salle X. Elle n'avait rien d'une scientifique, mais elle était assez intelligente pour comprendre ce qu'on lui dirait. Velika savait également qu'il ne fallait jamais être malpolie avec des inconnus ou presque, le plus important restait d'être capable de l'appliquer ce que ne semblait pas faire Miss Maya qui jouait de son orgueil pour susciter l'intérêt.

- Ne sommes-nous pas là pour discuter humblement des projets à venir, sans pour autant se chamailler comme de vulgaires enfants cherchant toujours à agacer l'autre dans l'espoir d'une bataille. Je suis loin d'être bourgeoise, mais moi j'ai appris que ce n'est pas en agissant comme vous le faites que l'on est plus aimé. Cela permet de découvrir également que vous avez de la difficulté à nous dévoiler des informations qui pourraient être fatales à notre clan, et j'ai bien l'intention de trouver ce que c'est ; et n'allez pas croire que ce sont de simples paroles en l'air, Miss de Holygrande. Je suis acharnée et bien décidée quand l'envie m'en prend...

Le mâle humain se mit à se trémousser de nouveau et elle était toujours près de lui avec la lancette qui lui avait entaillée le doigt afin de prélever le sang de ce charmant jeune homme qui leur lançait de bien désagréables paroles ayant pour but de les insulter...Elle n'en faisait rien, ne se sentant pas visée par ces propos inadéquats à leur situation. Elle sentit un plaisir malsain monter en elle après que Fingal eut frappé le prisonnier, elle était ivre de sentir le mal de cette personne et elle regarda le vicomte d'un œil plutôt inquisiteur.

*Ha! Il me plait déjà celui-là je crois que nous allons bien nous entendre sur ce point-là.*

Elle sentait qu'il comprendrait ce qu'elle voulait dire malgré le fait qu'elle ne le dise pas à voix haute, mais bien dans sa tête où peu de gens pouvait en voir le contenu mais elle savait qu'il saurait déchiffrer ce message muet. Elle regarda la table après que Fingal l'eut pointée pour leur montrer l'étendue des dégâts et elle comprit qu'ils mangeraient debout tout en continuant de parler. Elle se contentait de hocher la tête pour indiquer qu'elle avait bien enregistré le message.

- Alors qu'il en soit fait selon la volonté du Maître et la vôtre. Je suis prête à vous seconder ; mais en ce qui concerne Miss Maya, je suis certaine qu'elle devra changer son attitude hautaine car moi cela m'horripile et je déteste obéir à des gens qui me considèrent comme une moins que rien : en un mot, si elle fait un simple mouvement signifiant cela, alors je cesserais de la seconder ; c'est ma seule condition pour que je travaille avec elle. Avec moi, c'est le respect avant tout, c'est gravé dans ma tête depuis ma tendre enfance et cela y restera. Personnellement, je n'ai aucune question pour l'instant peut-être viendront-elles plus tard.

Elle regarda Fingal pour ne pas avoir à croiser le regard de cette femme ayant de la difficulté avec les rapports sociaux.

( HJ : miss Maya ayant quelques soucis, nous allons dire qu'elle est interloquée et passer son tour, si vous n'y voyez pas d'inconvénient ; de cette façon, le vicomte Mc Cruimein pourra se retirer sans être un goujat )

Fingal fut diablement amusé de la tournure que prenaient les choses : deux demoiselles aux tempéraments opposés mais tout aussi volcaniques quand on prenait soin de les titiller, voilà qui promettait des moments exquis ! Il écouta avec grande attention les remarques que fit miss Velika à miss Maya, feignant bien entendu de ne s'y intéresser que de loin en dégustant quelques amuse-bouche. Plus d'une fois il faillit éclater de rire, mais n'en fit rien ; il avait appris en France ce qu'il appelait " le rire intérieur ", façon de se divertir aux dépens d'autrui sans rien en laisser paraître... Cela lui rappelait certaines scènes auxquelles il avait assisté à Istanbul, caché de façon indiscrète derrière les grilles ornées des harems de certains de ses amis orientaux. Cela éveilla d'ailleurs quelque nostalgie de l'Orient, nostalgie dont il ne parvenait jamais à se défaire totalement depuis son retour à Londres. Puis il décida que le moment était venu de calmer un peu les choses.

- Allons, mesdemoiselles, dit-il en souriant sur un ton faussement réprobateur.Tâchons de faire de nos différences un atout dans les travaux que nous aurons à mener. Et de nous accommoder de ce que nous sommes, les uns et les autres. Je comprends fort bien votre désappointement, à l'une comme à l'autre. Mais n'oubliez pas que nous sommes ici pour servir une cause : faire en sorte d'assurer la victoire définitive aux nôtres. Il y a ceux qui mènent des combats les armes à la main, et ceux qui préparent les armes qui assureront la victoire...

Il dégusta une nouvelle friandise, but une gorgée de Nectar de Vierge, avant de reprendre. Il prit au passage délicatement des mains de miss Velika la lancette qu'elle tenait toujours, on ne sait jamais ce dont les femmes sont capables quand elles s'opposent... Il la planta dans la main du prisonnier, par simple jeu.

- Le temps nous enseigne tôt ou tard qu'il ne faut point être trop sévère avec autrui, même s'il convient parfois de rappeler à chacun quelle est sa place et quelles sont les limites à ne pas franchir. En un mot, j'entends de vous que vous conserviez des rapports cordiaux tant que vous êtes en ces lieux ; ce qu'il advient en dehors de cette salle est une toute autre chose... Cela vaut, bien évidemment, pour moi-même également. Chacun de ceux qui servent notre Maître devrait à mon sens faire un séjour à la Cour de France : on y apprend à merveille, avec un art et un raffinement sans égal, toutes les subtilités du jeu des apparences et de la science de feindre... Peut-être un jour prochain y organiserons-nous un " voyage d'étude ", pourquoi pas ?

C'est alors qu'un domestique entra, lui remettant un billet urgent qu'il lut aussitôt après s'être excusé auprès de ses deux compagnes. La comtesse qui lui servait de banque le réclamait de toute urgence, elle prétendait se languir d'un mal que lui seul pouvait guérir. Elle se trouvait en son château des environs de Londres et lui avait fait envoyer une calèche rapide qui l'attendait aux grilles de la résidence des vampires. Avec la générosité dont elle avait fait preuve, sans le savoir bien sûr, pour l'aménagement de ce laboratoire, il ne pouvait lui refuser un moment de libertinage... Il fallait donc s'éclipser, et laisser là cette soirée qui avait pris un tour fort inattendu.

- Vous me voyez au regret, mesdemoiselles, dit-il en rangeant le billet dans la poche de sa veste, de devoir vous abandonner pour quelque affaire urgente. Il faudra, du reste, vous habituer aussi à cela : un serviteur de l'ombre doublé d'un homme du monde a ses obligations, et vous me verrez souvent contraint de m'absenter... Je vous laisserai donc découvrir seules les lieux, vous trouverez de précieuses indications dans le grimoire dont je vous ai dit un mot tout à l'heure. Et si vous préférez remettre cela à plus tard et rejoindre vos appartements, je ne vous en tiendrais point rigueur.

Il se fit apporter sa canne, sa cape et son chapeau, puis fit aux deux jeunes femmes une élégante révérence à la française pour prendre congé.

- Ce fut un réel plaisir de faire votre connaissance, mesdemoiselles, dit-il tandis qu'il s'inclinait.Il se peut que je sois absent quelques jours. A vous revoir, très chères !

Et il s'engagea sans tarder dans le couloir qui menait à l'escalier permettant de remonter au rez-de-chaussée. Au passage, il transmit par la pensée à miss Velika un message laissant entendre qu'elle aurait peut-être un jour l'occasion de voir en lui d'autres facettes bien moins sérieuses... Il disparut dans l'obscurité, les laissant avec le prisonnier apeuré et le repas épars.

(HJ: le post sera plus court compte tenu des circonstances.)

Velika prenait plaisir en s'énervant après Maya. Elle fut aussi très surprise de sentir de l'amusement venir du corps de Fingal, qu'elle regarda d'un oeil curieux. Elle regarda le serviteur entrer dans la pièce comme s'il y avait quelque chose d'urgent. Elle regarda à regret Fingal qui lisait ce bout de papier qu'il avait reçu. Peu après, il était venu leur annoncer qu'il avait une affaire urgente, elle lui sourit gentiment.

-Alors que notre prochaine rencontre soit moins tendue que celle de ce soir. Votre compagnie m'a réjouie, vicomte Mc Cruimein, disait-elle avec son petit accent qui faisait que les mots sortaient bien de sa bouche.

Velika décida de quitter à son tour le laboratoire afin d'aller explorer la belle ville de Londres afin d'y faire de nouvelles rencontres. Elle fit un signe de tête à Maya et sortit précipitamment de la salle.