Une visite attendue

Il continua de s’habiller de sa rare élégance, même si son teint ne s’agençait pas. Il peignit ses longs cheveux, du moins ce qui en restait, pour en faire une queue à l’aide d’un cordon de cuir. Il regarda son armoire vitrée vide en soupirant. Il était sortit vivant du quartier des templiers. En outre cette chef était faible et en profiterais plus tard pour peut-être investir le manoir. Il laça ses longues bottes de cuir ciré. Son regard se portait n’importe où comme si la lune venait en son sein. Il ne voulait pas mais le messager avait été formel et poli. Lestat en était encore enragé d’avoir été dérangé, la vie, même dans la mort, ne lui laissait aucun répit.

Il se dirigea vers la fameuse salle X en se remémorant les quelque moment curieux qu’il avait vécu dans cet endroit. C’était tout aussi sinistre mais la présence d’Armand se faisait sentir. Il vu ce dit Mc Cruimein.

-Allons allons allons…qu’est-ce qui urge tant pour que tu m’envoie ton valet en chef avec un présent que tu me sais inutile. Est-ce mon apparence étrange depuis quelque temps qui attire ton esprit tordu à faire une ‘’expérience’’? Allez Mc Cruimein, qu’est-ce que tu veux?

Il s’appuya sur une des colonnes et croisa ses jambes dans un fragile équilibre.

Fingal - en l'occurence Armand quand il travaillait en ces lieux - était en train d'achever de dresser l'inventaire du matériel nécessaire au réaménagement de la Salle X, lorsqu'il entendit des bruits de pas s'approchant. Puisque l'accès à la salle était strictement réservé à ceux qui avaient une autorisation spéciale du Maître, il devait s'agir d'une visite importante. Il vit en effet entrer le Général Lestat de Lioncourt, ce fameux personnage dont il avait entendu parler dès son arrivée. Marteinn avait dû remplir au moins cette mission là, à défaut des autres.

Lestat avait cette allure aristocratique qui semblait se détacher de tout, observait tout sans en avoir l'air et était hautain sans être grossier. Fingal connaissait bien ce genre de comportement, puisque ses proies favorites appartenaient à la haute société. Mais il reconnaissait aussi chez le général quelque chose d'imperceptiblement français... Peut-être dans l'élégance et le maintien... Il se porta à sa rencontre, mais n'eut pas le temps de le saluer que Lestat engagea la conversation. Il l'écouta, quelque peu blessé dans sa vanité de s'entendre tutoyer comme un vulgaire laquet. Le général semblait courroucé, envoyer Marteinn n'avait peut-être pas été une si bonne idée que ça.

"Votre visite en ces lieux, général Lestat, m'est un grand honneur !" , dit-il en faisant une révérence pour tenter de calmer son interlocuteur. "Pardonnez le désordre, si j'avais su que vous viendriez, j'aurais fait ranger un peu. Je ferai rosser cet idiot de valet, rien ne pressait. Je sais combien votre temps est précieux. Oh non, mylord, ce n'est pas sur vous que doivent porter mes expériences. Veuillez ne pas m'en tenir rigueur si mon valet n'a su vous exprimer les choses telles que je les ai dites."

Il devait se montrer assez fin pour ne pas risquer de se mettre à dos un personnage dont on lui avait dit toute l'extravagance. Il choisit donc de se montrer empressé et d'aller droit au but.

"Comme vous le savez, le Maître m'a demandé de prendre en main les expériences secrètes menées dans cette salle. J'étais d'ailleurs en train de programmer ce qui sera nécessaire pour plus d'efficacité. Mais comme vous l'avez peut-être constaté en passant, je ne dispose pour l'heure que de cadavres pour mener à bien mes travaux. Ce qui peut certes être intéressant, mais ne suffira pas à contenter le Maître."

Tandis qu'il parlait, il avait sorti deux verres de cristal et y avait versé un breuvage de sa composition, concocté à partir du sang encore chaud de la jeune nonne aromatisé de quelques épices et d'un soupçon de whisky. Il en tendit un au général et porta un toast avant de reprendre.

"C'est pourquoi je souhaitais vous rencontrer, outre le fait que l'on m'ait dit combien vous étiez un personnage incontournable parmi les proches du Maître. Je dois également rencontrer les autres officiers, afin que le souhait du Maître de voir les recherches avancer puisse être satisfait sans délai. Pour le matériel, aucun souci, j'aurai d'ici quelques jours tout ce qu'il me faut. Ce qui me manque, ce sont les cobayes, vivants j'entends... Aussi avais-je songé vous demander si ce ne serait pas abuser de votre bienveillance que de solliciter votre aide, ou plutôt celle de vos subalternes, pour m'en fournir dès qu'il sera possible. J'aurai sous peu, si tout se passe bien, un sujet d'étude humain que je me suis procuré par mes propres moyens et qui sera suffisant pour un début."

Il ne savait à vrai dire sous quel angle aborder Lestat. Le Maître avait beau lui avoir donné carte blanche, et savoir qu'il bénéficierait de sa protection, il ne pouvait se permettre de courroucer l'un des généraux.

"Mais il me faudrait du matériel lycan. Disons, au moins un individu que l'on puisse manipuler au service de la science. Ce qui implique qu'il parvienne ici en bon état, cela va de soi..."

Il resta ainsi appuyez sur la colonne en écoutant le babillage du scientifique nouveau venu. Armand était plus un ami, il se permettait n’importe quoi. Il se concentra, du mieux qu’il pouvait sur les pensées de l’individu devant lui mais son impuissance l’empêchait presque. Malheureusement, la curiosité l’avait poussé, si ce n’est la colère de ne pas se reposer. Lorsqu’il lui tendit la coupe, Lestat l’a prit de ses longs doigts blancs, rendus un peu vert par la décomposition. Il en prit une gorgé avec méfiance après avoir sentit. Il le laissa terminer sa conversation, plutôt son prologue et donna son avis.

-Je suis effectivement quelqu’un d’important. Non pas que je suis le chien de Dracula mais un général en occurrence. Ma présence courrouce plusieurs personnes je le crains. Et si je ne serais pas là, le pauvre serait entouré que par des femmes. Le pauvre, en faite il préfère ça je crois!

Il s’arrêta en passant sa langue sur ses crocs pour ranimer la saveur du breuvage qu’on lui avait donné.

-Ne grondez pas votre serviteur, tout ça ne servirait à rien. C’est vous qu’il faut mettre en punition. Si le message dicté n’était pas le bon, une simple missive aurait fait l’affaire avec le jour et l’heure de la réunion. Ayez l’habitude de faire les choses par vous-mêmes ici, les esprits de domination et de corruption sont particulièrement adroitEs… hum hum hummph(rire étouffé)

Il le regarda des pieds à la tête en prenant une seconde gorgée dans cette coupe. Il trouvait que son aide était totalement inutile mais il essaya tout de même d’apporter son aide comme il l’aurait fait avec Armand. Il faudra qu’il s’habitue à ce changement, il n’aurait jamais du partir aussi longtemps…ça n’avait servit à rien sinon le rendre en état de cadavre vivant. Mais où était Armand justement?

-Pour ce qui est de vos cobayes, l’aide des assassins et des soldats serait plus utile que moi-même. VOUS voyez mon état, suis-je en parfaite condition pour accomplir ne serait-ce la chasse à la grand-mère? Je vais peut-être m’informer à ce propos pour vous trouver un humain qui n’a pas d’attache familial et ne tient pas tant que sa à la vie. Ce sont les plus crédules, je puis vous l’affirmer.

Il regarda le vampire d’un œil louche en pensant qu’il avait besoin de lycan.

-Est-ce urgent? Car ils ne sont pas très actif sur leur chasse aux vampires c’est temps-ci. Aller en chercher un pourrait briser la seule paix que nous avons en ce moment. Et de plus, emmener un lycan ici c’est un suicide assuré pour toute la maison. Imaginez seulement si il s’enfuyait, une seule fois et c’est notre fin. L’avoir en parfaite état…alors là, je vous conseil d’aller le chercher directement sur le terrain, un petit test rapide… Mais l’emmener ici…à moins que…ça dépend d’un seul facteur…

Il s’approcha de Fingal et le contourna.

-Un mâle ou femelle?

Il souriait laissant paraître ses crocs. Il déposa sa main sur l’épaule de Fingal qui celui-ci pu remarquer l’étrange bague en forme de griffe.

Fingal écouta attentivement les propos du général, en s'efforçant d'analyser leur portée au-delà des simples apparences et de mieux cerner son interlocuteur. Le moins que l'on puisse dire est que Lestat était à la hauteur de sa réputation, même s'il se plaisait à mettre en avant le fait qu'il était affaibli...

Il encaissa sans broncher la remontrance au sujet de son serviteur et de la méthode pour entrer en contact, avec au coin des lèvres ce sourire qui défiait même les plus puissants sans les offenser directement. Il se le tint pour dit : avec Lestat, mieux valait aller droit au but... Dans le fond, c'était là une chose qu'il appréciait.

Il savait que Lestat, comme nombre des habitants de la demeure du Maître, ne lui faisait pas encore véritablement confiance. Reprendre la tâche entreprise par le fameux Armand, dont il reprenait aussi le nom pour ses activités dans le laboratoire, alors qu'il n'était pour beaucoup qu'un parfait inconnu appelé à Londres par le Maître : ce n'était pas chose aisée. Il savait qu'il faudrait user ici de plus de finesse encore qu'avec les humains dont il se jouait avec une délectation non dissimulée, ou qu'avec les vampires de second rang qu'il avait connus avant d'arriver ici...

- Mâle ou femelle ? , dit-il en ressentant un trouble étrange lorsque Lestat posa sa main sur son épaule et qu'il vit la bague en forme de griffe si près de sa gorge... Je laisse ce choix à votre bon plaisir, Mylord. J'en suis à reprendre depuis le début les expériences de mon prédécesseur... et je me fie à votre jugement, dont je ne puis douter qu'il ne soit avisé. Vous avez raison, il faut que le cobaye soit parfaitement maîtrisé, pour éviter qu'il ne puisse tenter une évasion ; mais les cellules seront bientôt totalement rénovées, et les systèmes de sécurité renforcés, n'ayez crainte à ce sujet...

Il tâcha de dissimuler son trouble en saisissant quelques notes et en faisant mine d'y mettre de l'ordre.

- Concernant votre état, Mylord, se hasarda-t-il à dire, si vous le souhaitez je peux tenter d'y apporter un remède. Je ne garantis pas que cela fonctionnera du premier coup, mais nous pourrions essayer... Ce serait un grand honneur.

Il sourit narcissiquement.

-Je ne suis pas un cobaye moi. Et j’attendrai que vous fassiez vos preuves avant de vous confier mon corps. On ne peux malheureusement jamais faire confiance à ceux qui nous entour même si nous formons une famille selon les dire de notre maître.

Il marqua une pause en regardant le scientifique.

-Vous semblez mal-à-l’aise Fingal!

Il déposa son doigt sur sa propre joue en épiant toujours les pensés du pauvre qui tentait tant bien que mal de s’intégrer.

-Vous n’êtes pas Armand, et n’essayer pas d’atteindre son niveau…

Il se retourna et monta la première marche.

-Pour ce qui est des futurs prisonniers, vous m’avertirez quand vos cages seront prêtes, car avant cela, la chasse sera inutile et des pertes non-voulus seront occasionner. Je tâcherai de faire comme il vous plaît. Avez-vous une autre requête à me faire part qui ne tourne pas autour de Dracula ou de la présente guerre? Tous ses sujets commencent à m'énerver!

Décidément, le général plaisait de plus en plus à Fingal ; il aimait en lui cette désinvolture aristocratique qui ne s'embarrassait pas de faux semblants inutiles... La réponse à sa proposition d'intervention sur la personne de Lestat l'amusa.

- Cela va de soi, Mylord, je vous comprends parfaitement, et je ne puis qu'espérer vous convaincre lorsque l'occasion m'aura été donnée d'agir. Quant à la famille, il m'apparaît que nous devons en penser à quelque chose près la même chose...

Lestat s'amusait de son malaise, et lui prenait un plaisir étrange à cette situation. Il aurait pu en vouloir au Maître de le laisser ainsi faire ses armes seul dans ce nouvel univers ; mais au contraire cela n'était pas pour lui déplaire.

- Mal à l'aise, Mylord ? Je crois que vous en savez fort bien la raison, dit-il avec un regard amusé.

Il ne chercha pas à se justifier quand Lestat évoqua la question d'Armand. Il y avait des choses dont il savait par ses conversations avec le Maître, avant qu'il n'accepte de venir ici, qu'il était préférable de ne pas évoquer. D'ailleurs, il lui restait encore à découvrir beaucoup de choses concernant son prédécesseur ; il espérait en trouver la réponse dans les notes retrouvées dans le laboratoire. Il se contenta de dire que c'était une fantaisie du Maître de souhaiter qu'il prenne le nom d'Armand lors de ses travaux dans cette salle souterraine ; peut-être pour maintenir l'illusion auprès de certains, dont visiblement Lestat ne faisait pas partie.

- Pour les geôles, c'est une question de jours, je vous tiendrai informé, dit-il en le raccompagnant vers l'escalier. Votre visite fut un grand plaisir et un honneur, tant je brûlais de vous rencontrer. Tenez, je crois que ceci pourra vous procurer quelque distraction.

Et il lui tendit une petite fiole de cristal contenant un liquide noir et épais.

- Du laudanum, le meilleur qui se puisse trouver à Londres. Je n'abuserai pas plus de votre temps précieux, Mylord. Mais je serais fort aise, lorsque j'aurai fini de m'installer, de vous convier à quelques réjouissances dans mes appartements. Il me semble qu'un homme tel que vous ne doit pas être étranger aux plaisirs raffinés, et il y a... disons... une "friandise", qu'il me plairait beaucoup de partager avec vous. Si vous daignez accepter de m'en faire l'honneur.

Il s'inclina pour le saluer à la mode française.

Il commençait à l’aimer tout comme il l’aimait. Son esprit allait et venait dans les presque mêmes idées que lui tout en s’efforçant de garder un point de vue totalement différent. Il était franc, du moins en accord avec ce qu’il pensait. Il fut surpris un moment quand Fingal lui tendit une petite fiole. Il le laissa terminer sur sa touche d’un futur régal en bonne compagnie. Il joua avec la fiole presque avec dégoût. Des souvenirs mauvais en sortait, malgré que les jumeaux étaient si beaux, si ressemblant à sa belle Claudia.

Il reprit le dessus sur lui-même et serra la fiole de liquide noir dans sa poche.

-Ce fut un aussi grand honneur et je tâcherai de vous faire la même confiance que Dracula à bien pu vous donner. Bonne soirée monsieur.

Il répondit à sa révérence et grimpa l’escalier tout en tenant la fiole dans sa main. Il glissait ses ongles dessus dans un grincement affreux et maudissait sa belle enfant. Rien ne lui servait de s’attarder en compagnie du scientifique pour le moment, des questions se bousculaient dans sa tête mais sa soif avait prit le dessus sur sa raison…

Après le départ du général, Fingal était satisfait : les choses s'annonçaient plutôt bien... Il savait qu'il ne serait pas aisé de se faire admettre des Vampires de haut rang ; après tout, il n'était pour eux qu'un inconnu fraîchement débarqué, et le Maître lui avait demandé de ne pas trop en dire sur le fait qu'ils se connaissaient depuis longtemps... Sans doute le Maître préférait-il cacher à ses vampires londoniens son goût de voyager, de temps en temps, pour savourer de nouveaux délices aux arômes exotiques...

Fingal fit encore un peu de rangement, triant le matériel en vue de sa prochaine expérience. Il se versa un verre de liqueur de nonne, puis alla rédiger son rapport dans le grand registre prévu à cet effet. Rien ne devait être laissé au hasard, pas même les entrevues, on ne savait jamais.

Quand il eut fini, il prit sa cape et son chapeau, et remonta l'escalier en direction de ses appartements. Cette nuit, il sortirait dans Londres histoire de trouver une petite proie facile pour se dégourdir...

» Visite impromptue de Monseigneur (PV Sir Ehogan /son valet)